sans laquelle on ne peut avoir de grands plaisirs ; or, ce n’est la peine de vivre que pour avoir des sentimens et des sensations agréables, et plus les sentimens agréables sont vifs, plus on est heureux. Il est donc à desirer d’être susceptible de passions ; et je le répète encore, n’en a pas qui veut : c’est à nous à les faire servir à notre bonheur, et cela dépend souvent de nous. Quiconque a su si bien économiser son état et les circonstances où la fortune l’a placé, qu’il soit parvenu à mettre son esprit et son cœur dans une assiète tranquille, et qu’il soit susceptible de tous les sentimens, de toutes les sensations agréables que cet état peut comporter, est assurément un excellent philosophe, et doit bien remercier la nature. Je dis son état et les circonstances où la fortune l’a placé, parce que je crois qu’une des choses qui contribue le plus au bonheur, c’est de se contenter de son état et de chercher plutôt à le rendre heureux qu’à en changer.
Mon but n’est pas d’écrire pour toutes