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dents qui l’accompagnent suivant l’être qu’elle a dans l’intellect, et par conséquent le nom d’espèce ne se dit pas de Sortès, de sorte qu’on dise, Sortès est une espèce, ce qui néanmoins arriveroit de toute nécessité, si la nature d’espèce convenoit à l’homme suivant l’être qu’il a dans Sortès ou suivant sa considération absolue, c’est-à-dire en tant qu’il est homme. Car tout ce qui convient à l’homme en tant qu’homme convient et se dit de Sortès. Elle peut être considérée d’une autre manière suivant l’être qu’elle a dans tel ou tel, et ainsi il y a à son égard prédication per accidens, à raison de ce en quoi il est, comme on dit que l’homme est blanc, parce que Sortès est blanc, quoique cette qualité ne convienne pas à l’homme en tant qu’homme. De cette manière elle a un double être, l’un dans les singuliers et l’autre dans l’ame, et les accidents suivent cette nature selon l’un et l’autre être, comme dans les singuliers ils ont un être multiple suivant la diversité des singuliers. Suivant l’être qu’elle a dans les singuliers on ne peut pas dire que la nature de quelque genre ou espèce survienne à une nature, car il ne se rencontre pas dans les individus suivant l’unité quelque chose d’un convenable à tout, que demande la nature d’universel. Il reste donc à dire que la nature du genre ou d’espèce survient dans une nature suivant l’être qu’elle a dans l’intellect. Par exemple la nature humaine a dans l’intellect un être abstrait de tous les agents d’individuation, c’est pourquoi elle a un caractère d’uniformité vis-à-vis de tous les individus qui sont hors de l’ame, selon qu’elle est essentiellement une image universelle faisant connoître tous les individus en tant qu’ils existent en elle, parce que son opération à l’égard de tout individu passé, présent et futur est une, et de quelque manière qu’il ait été d’abord placé dans l’intellect, il subira