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il faudra répondre négativement pour l’une et l’autre chose, parce que chacune de ces choses se trouve en dehors de l’intellect de l’homme ou de l’humanité, et que l’une et l’autre peut arriver. Si en effet la pluralité étoit de son intellect, elle ne pourroit jamais être dite une, quoique cependant elle soit une en tant qu’elle se trouve dans Sortès. De même si l’unité étoit de son intellect, elle seroit alors la seule et même essence de Sortès et de Platon, et ne pourroit se vérifier dans plusieurs ; et comme il ne convient pas à la nature suivant sa considération absolue d’être dans l’ame ni dans les singuliers, il est faux de dire que la nature de l’homme comme telle a l’être dans tel singulier, parce que si l’être dans tel singulier convenoit à l’homme comme homme, comme homme il seroit hors de tel singulier. De même, si n’être pas dans tel singulier convenoit à l’homme en tant qu’homme, en tant qu’homme cela s’y trouveroit : mais il est vrai de dire, que l’homme en tant qu’homme n’a pas l’être en tel ou tel singulier ou dans l’ame. Il est donc évident que la nature de l’homme, considérée d’une manière absolue, abstrait de tout être quelconque, de telle sorte néanmoins qu’il n’y ait précision d’aucun, et de sorte aussi que, ne convenant pas à l’humanité dans sa considération absolue, elle se dise de Sortès ; c’est pourquoi le caractère d’espèce ne lui convient pas suivant la considération absolue, parce que l’unité et la communauté sont de la nature de l’universalité. Or ni l’un ni l’autre ne convient à la nature humaine suivant sa considération absolue. En effet, si la communauté étoit de l’intellect de l’homme, on rencontreroit la communauté partout où se trouveroit l’humanité, ce qui est faux, parce qu’on ne trouve nulle communauté dans Sortès, et tout ce qu’il y a en lui est individué, il faut donc qu’elle appartienne aux acci-