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nature : c’est tout le contraire pour les singuliers, parce que là il n’y a point d’acception simple, mais bien secundum quid ; comme est l’espèce à l’égard du genre. Mais si l’on prend le singulier simpliciter comme il est pris, in I Posteriorum, il faudra dire que par rapport à nous les singuliers sont plus connus suivant que la cognition sensitive précède en nous la cognition intellective qui appartient aux universaux : mais les universaux sont plus connus suivant la nature et en eux simpliciter, parce que la connaissance universelle est plus parfaite. Or les universaux sont intelligibles en acte, mais non les singuliers, étant matériels comme ils sont. Remarquez qu’il y a de la différence à dire animal en tant qu’animal, et animal en tant qu’universel ; et de même homme en tant qu’homme, et homme en tant qu’espèce ; parce que l’animal en tant qu’animal n’est qu’animal, et désigne une essence simple, qui n’est pas une par elle-même pas plus que multiple, n’existant pas dans ce qui tombe sous les sens, ni dans l’ame, et n’est rien de tout cela en puissance ou en acte. C’est pourquoi il signifie une certaine essence qui n’est ni universelle, ni particulière ; c’est pour cela qu’Avicenne dit que rationalité n’est pas une différence, pas plus que l’animalité un genre ou humanité une espèce, et de cette manière ou ne peut rien dire de vrai d’elle si ce n’est qu’elle se convient en tant que telle : d’où il résulte que toute autre attribution qui lui sera faite sera une attribution fausse, par exemple : animal raisonnable convient à l’homme en tant qu’homme aussi bien que les autres choses qui tombent dans sa définition ; tandis que blanc ou noir ou autre chose semblable qui n’appartient pas à l’humanité ne convient pas à l’homme en tant qu’homme. C’est pourquoi si l’on demande si cette nature ainsi considérée peut se dire une ou multiple,