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suivant la nature et simpliciter. Or les choses connues per se sont plus connues simpliciter. Celles-là le sont plus per se qui ont plus de l’entité, car chaque chose devient l’objet de la cognition en tant qu’elle est être ; or les choses qui sont plus en acte sont êtres davantage : c’est pourquoi ces choses sont plus susceptibles d’être connues par la nature, non que la nature les connoisse davantage, mais parce qu’elles sont connues en elles-mêmes et suivant leur nature propre. Ainsi donc les natures les plus spéciales sont plus connues suivant la nature, comme existant par elles-mêmes, et ayant une cognition distincte. Or ce qui est complet actu est antérieur en nature et postérieur en temps : Les genres au contraire connus sont antérieurs par rapport à nous, et postérieurs par rapport à la nature, comme ayant une cognition confuse en puissance : mais ce qui est en puissance est antérieur en temps et postérieur en nature, comme sont les genres plus universels et en puissance, et plus confus, parce que les universaux contiennent en eux leurs inférieurs en puissance, et celui qui sait une chose en général la connoît d’une manière confuse. La connoissance en devient plus claire, quand chacune des choses contenues en puissance dans l’universel vient à être à demi connue en acte. Par exemple, celui qui connoît l’animal ne connoît la rationalité qu’en puissance ; car il arrive que l’on connoît plutôt l’animal que l’homme. Et c’est ainsi qu’il faut entendre ce qui est dit, livre Ier de la Physique, qu’une chose existe plutôt en puissance qu’en acte. En conséquence suivant le mode par lequel nous procédons de la puissance à l’acte et du plus commun au moins commun, il est antérieur par rapport à nous de connoître l’animal plutôt que l’homme ; c’est encore ainsi qu’il faut entendre, livre Ier de la Physique, que les universaux nous sont antérieurement connus par rapport à nous et moins connus à la