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rapports, comme ils ont en certains cas et non dans d’autres l’être extrinsèque de l’ame, par conséquent, je dis que les universaux, par cela qu’ils sont universaux, n’ont pas l’être par soi dans les choses sensibles, parce que l’universalité elle-même est dans l’ame et nullement dans les choses. Or lorsque nous disons que la nature universelle a l’être dans ces choses sensibles ou singulières, nous n’entendons pas que la nature qui a l’universalité tienne l’être de ces choses caractérisées. On voit donc comment l’universel est corporel, et comment aussi il est incorporel ; parce que, suivant ce que dit Boëce, ce qui est incorporel et insensible s’entend dans la simplicité de son universalité, tandis que ce qui est corporel et sensible subsiste par les accidents. Ainsi donc se trouvent établies les questions énumérées par Boëce sur les universaux. Mais l’universel peut-il exister après la destruction des singuliers ; suivant Avicenne, il faut dire qu’oui ; parce que l’universel est ce que suivant l’intellect il est impossible de ne pas dire de plusieurs, quoique nulle de ces choses n’ait l’être en effet. Comme l’intention, qui est universelle, existe en dehors du singulier, parce qu’il est de sa nature de se dire de plusieurs, mais il n’est pas nécessaire que ces choses ou quelqu’une d’elles existent. L’universel est-il substance ou accident, il faut dire que par son rapport de comparaison avec l’ame, il est accident, c’est une certaine disposition dans l’ame, c’est un des individus des sciences ou formations. Cependant Averrhoès dit sur le livre Ier de l’Ame, que « l’universel est une qualité existant dans l’ame, » je dis une qualité substantielle, qui n’est ni substance, ni accident, mais quelque chose de mitoyen, ce qui n’est pas déraisonnable, quoique ce soit quelque chose de mitoyen par rapport au logicien, et non par rapport au métaphysicien et au naturaliste,