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OPUSCULE LIV.

Du même docteur, sur les universaux.

L’opinion des philosophes est différente sur les universaux. Quelques-uns, comme les Epicuriens, n’admettant pas qu’il n’y a de distinction que suivant le sens, et disant que la volupté est le souverain bien, affirmoient que ce qui se voit et se sent n’est rien, d’où ils disoient qu’il n’y a rien d’universel. Ils enseignoient aussi que l’ame est une sorte de corps subtil et périt avec le corps. Comme cette opinion est évidemment improbable et contraire au bon sens et à toute raison, il n’est pas nécessaire de la réfuter ; aussi a-t-on appelé pourceaux les philosophes qui soutenaient une semblable opinion. Néanmoins on pourroit ainsi raisonner contre eux : Tous les hommes désirent naturellement savoir, comme l’enseigne Aristote, livre Ier de la Métaphysique ; mais un tel désir n’est pas faux, on peut donc acquérir la science ; mais toute science appartient aux universaux ; donc il y a des universaux. La mineure se prouve ainsi : ce qui est infini ne peut être connu, autrement ce serait fini ; mais les singuliers sont infinis, donc il n’y a pas de science des singuliers, et par conséquent il n’y en a que des universaux. D’autres admettant les universaux, tombent dans de nombreux inconvénients, et ces philosophes ne s’accordent pas, parce que quelques-uns ont prétendu que