Page:Opuscules de Saint Thomas d’Aquin, tome 5, 1858.djvu/358

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pourquoi avant de démontrer nous savons d’abord à l’égard des dignités qu’elles sont vraies. Les choses complexes ne peuvent se définir, or les dignités étant complexes ne peuvent se définir; nous ne pouvons donc pas savoir ce qu’elles sont, ni par conséquent ce qu’il en est d’elles avant la démonstration. Mais nous savons d’elles qu’elles sont; elles doivent en effet être tenues pour. vraies, car elles sont tellement connues par la lumière de la raison naturelle que, les termes connus, nous connaissons qu’elles sont vraies, comme il a té dit; mais nous ne savons pas relativement à elles propter quid, puisqu’elles sont les premières conceptions de l’esprit. Quant à la passion, nous savons d’avance ce quelle est, parce qu’elle a une définition qu’il faut connaître préalablement avant de faire la démonstration. En effet, si celui qui démontre ne connaît d’abord le moyen terme, il ne pourra jamais argumenter; or dans la démonstration le moyen est la définition du sujet et de la passion. Pour la passion, nous ne pouvons pas savoir d’avance quia est, c’est-à-dire l’être de son existence actuelle. Effectivement, l’être de l’accident étant l’inesse, à savoir d’avance qu’elle inhère, c’est connaître l’être de son existence actuelle, et ainsi, avant de la démontrer, nous connaîtrions sa démonstration. Car la démonstration ne démontre autre chose, sinon que la passion est inhérente au sujet, comme il a été dit: or cela est faux. Donc nous ne savons pas d’abord à son égard quia est. Pour ce qui est du sujet, nous savons d’avance ce qu’il est; car par rapport à lui, ce qui n’est pas encore actu peut être connu, je dis actu tant en lui-même que dans ses causes. En effet, quoique la rose n’existe pas encore actu, comme néanmoins elle existe dans sa cause, nous pouvons démontrer quelque passion à son sujet. On voit donc ce qui est préalablement connu dans la démonstration, et ce que nous savons d’elle après