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Pour comprendre qu’elle ne procède pas de choses étrangères, il faut savoir qu’il y a trois termes dans la démonstration comme dans tout syllogisme, à savoir, le grand extrême, qui est la passion propre, le petit extrême, qui est le sujet, et le moyen terme, qui est la définition du sujet avec la définition de la passion. Or, si le moyen terme était étranger au grand extrême ou au petit extrême, qui ne serait pas la définition renfermant l’un et l’autre, le grand extrême alors ne serait pas dit de lui per se, et il ne serait pas dit lui-même du sujet per se; mais on a prouvé que dans la majeure le grand extrême se dit per se du moyen dans le quatrième mode de dire per se, et que dans la mineure le moyen se dit du petit extrême per se dans le premier mode de dire per se; donc la démonstration ne procède en aucune manière de choses étrangères, mais bien de choses propres. Il faut savoir que, bien que dans les démonstrations il n’y ait pas transition d’un genre à un genre étranger, néanmoins rien n’empêche que quelquefois le sujet d’une démonstration ne soit contenu sous le sujet d’une autre démonstration et le contracte. Par exemple: supposons que l’on démontre cette passion, à savoir le sensitif, par la définition d’animal appliquée à l’animal même, si cette même passion était démontrée relativement à l’homme par le même moyen terme, ou par un moyen contracté dans la définition de l’homme, il se ferait alors une démonstration sous une autre, et ce serait un sujet sous un autre sujet. Il faut aussi savoir qu’une semblable contraction est quelquefois dans le même genre simpliciter, comme on l’a dit de l’animal et de l’homme, parce qu’elle s’opère quelquefois dans l’homme par quelque différence étrangère. Quelquefois cette contraction ou transition s’opère dans le même genre secundum quid, parce que le sujet se contracte par une différence étrangère, comme visuel est étranger