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la raison de ces termes, il faut savoir que l’homme est raisonnable.

Il est appelé raisonnable et non intellectuel parce que l’intellect saisit sans discourir tout ce qui tombe sous son action. Au contraire la raison, quoiqu’elle rie soit pas une puissance différente de l’intellect, est néanmoins appelée raison, parce que ce n’est qu’en discourant qu’elle s’approprie ce qu’elle saisit. Aussi né parvient-elle à posséder parfaitement la connaissance d’une chose qu’en allant du plus connu au moins connu. Par exemple, pour connaître parfaitement ce que c’est que l’homme, nous concevons d’abord ce que c’est que l’être, ensuite ce que c’est que la substance, puis ce que c’est que le corps, ensuite ce que c’est que le corps animé, ensuite ce que c’est que l’âme, ce que c’est que raisonnable, et nous arrivons ainsi en discourant à la connaissance de l’homme. Or si cette discursion se fait, sans complexion, c’est-à-dire en concevant l’être substance corps, en n’ajoutant pas le mot est, comme si l’on ne dit pas cela est homme, ou si elle se fait avec complexion, peu importe, il suffit que l’on conçoive en dis courant, et cette discursion se fait du plus connu au moins connu. Or ce qui nous est plus connu est plus universel, comme on dit dans le premier livre de la Physique, parce que c’est plus confus; en con séquence notre action discursive dans notre cognition va donc des plus universels aux moins universels. C’est pourquoi nous connaissons mieux et plutôt l’être que la substance, la substance mieux que le corps, le corps mieux que le corps animé, le corps animé mieux que l’animal et l’animal mieux que l’homme. C’est sur cette discursion que roule le syllogisme qui n’est autre chose qu’un discours ou un assemblage de discours, comme dit Boèce, sur lesquelles s’effectue la discursion. Bien que dans cette discursion il puisse se trouver plu sieurs moyens et plusieurs prémisses tendant à la même conclusion