Page:Opuscules de Saint Thomas d’Aquin, tome 5, 1858.djvu/252

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et c’est ce qu’on appelle la matière naturelle ou nécessaire. Ce qui est exclu de l’universel de cette manière à raison de la nature même, c’est-à-dire de l’universel, est appelé matière éloignée ou impossible, comme homo est asinus. En second lieu, quand on lui attribue quelque chose à raison de quelque singulier où se trouve cette nature de l’universel, comme lorsqu’on dit, homo currit, et c’est ce qu’on appelle matière contingente. Il faut savoir que dans la matière naturelle et dans la matière éloignée, si une des contraires est vraie, l’autre est fausse et réciproquement. La raison en est que si la matière qui se trouve en rapport avec la nature de l’universel est appelée matière naturelle, il s’ensuit qu’elle convient à tout ce qui est contenu en lui, de telle façon que l’universelle affirmative sera vraie, et l’universelle négative qui exclut cette matière de tout ce qui est contenu en lui, sera nécessairement fausse. Car elle dit que ce qui est n’est pas, et c’est là la fausseté, dire que ce qui est n’est pas ou que ce qui n’est pas est. De même dans la matière éloignée l’universelle négative est vraie, parce qu’elle écarte tel prédicat de tout ce qui est contenu sous tel universel. Donc l’universelle affirmative sera aussi alors dite fausse, parce qu’elle dit que ce qui n’est pas est, et il en sera de même par rapport à elle pour ses subalternes particulières. Comme en effet, la matière naturelle convient à tout ce qui est contenu sous l’universel, il en résulte que dans cette matière la particulière affirmative sera vraie, et la négative fausse le contraire aura lieu dans la matière éloignée, au contraire dans la matière contingente les deux contraires peuvent être fausses; on peut en trouver la raison dans ce que nous avons dit. Si, en effet, dans cette matière on n’attribue quelque chose à l’universel qu’à raison de quelque particulier contenu en lui, il est