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supposer le sujet. Dans la contrariété, l’opposition est telle qu’il y a supposition du sujet et de quelque forme; en effet, la blancheur est opposée à la noirceur, de telle manière qu’elle suppose quelque sujet à raison de quoi l’on dit qu’elles se succèdent tour à tour, et la blancheur produit une forme que ne constituent ni la négation, ni la privation. Il faut savoir que l’universelle affirmative est opposée à l’universelle négative du même sujet et prédicat contrairement. C’est pourquoi, tout homme est blanc et nul homme n’est blanc, sont des propositions contraires. La raison en est en ce que les choses très distantes entre elles ont une opposition contraire. Car on n’appelle pas mie chose noire par cela seul qu’elle n’est pas blanche, mais parce qu’à la privation de blancheur qui exprime l’exclusion du blanc, elle ajoute le noir, suprême exclusion du blanc. Donc ce qui est affirmé par cette énonciation, tout homme court, doit être exclu par cette négation, tout homme ne court pas; car il faut que la négation écarte le mode dont le prédicat se dit du sujet désigné par ce signe tout; mais à cette exclusion cette proposition, nul homme ne court, ajoute l’exclusion la plus extrême. C’est donc à bon droit qu’on appelle contraires ces propositions, tout homme court, nul homme ne court. La particulière affirmative et la particulière négative ne sont nullement opposées contrairement, c’est-à-dire d’une opposition contraire. Car les choses contraires sont séparées par une grande distance, et la particulière affirmative et la particulière négative se trouvent être des milieux entre les contraires; or les milieux ne sont pas contraires, et n’offrent même pas une opposition contradictoire. En effet, ainsi qu’il a été dit, ce signe quelque, qui constitue une proposition parti culière, désigne l’universel ou le terme commun d’une manière in déterminée; c’est pourquoi il ne le détermine pas à telle ou telle