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car l’homme n’a point de force naturelle vis-à-vis de son supérieur, si ce n’est par l’expression de son désir le discours suppositif, c’est dire conditionnel, et le dubitatif rentrent dans l’interrogatif. Et comme ces quatre espèces de discours ne signifient pas le vrai et le faux, mais un certain ordre qui y tend, elles n’appartiennent point par conséquent au sujet présent qui a un rapport direct avec la science démonstrative, dans laquelle l’oreille de l’homme est amenée à considérer le vrai d’après ce qui est propre à la chose. Elles appartiennent plutôt à la rhétorique ou à la poétique qui produisent l’as sentiment par la disposition de l’auditeur. Il n’y a que le discours énonciatif qui signifie le vrai ou le faux, qui appartienne à l’objet qui nous occupe, aussi bien que les autres discours qui peuvent s’y rattacher.

Chapitre IV : Ce que c’est que l’énonciation, ce que c’est que le vrai et le faux.

L’énonciation est un discours qui signifie le vrai et le faux. Pour comprendre cette définition il faut d’abord considérer ce que c’est que le vrai et le faux, en second lieu pourquoi il ne convient qu’à l’énonciation de signifier le vrai et le faux. Relativement au premier point, il faut savoir que, comme l’on dit communément, la vérité est l’adéquation de la chose à l’intellect, suivant Isaac, le vrai est dit adéquat, et le faux inadéquat. Or cette adéquation, ou conformité, ne peut pas être une relation réelle, autrement le vrai ne pourrait se convertir avec l’être. Car ce qui n’est que dans un prédicament n’appartient pas aux transcendantaux. C’est donc une relation de raison, et ainsi le vrai est relatif suivant la raison, ce qui n’empêche pas qu’il soit dans