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Mais la succession s’appelle temps dans un sens large, et par ce temps, comme une mesure intrinsèque mesure tous les mouvements, parce que le mouvement est tel que ses successions, elle donne la connaissance certaine de sa quantité, et comme parfois cette suc cession nous est plus connue, nous mesurons par son moyen la succession du premier mobile, comme le dit Aristote, livre IV de la Physique, nous mesurons le temps par nos actions, et notre vie s’écoule par une aussi grande voie, donc il s’est écoulé tant d’heures de temps.

Le temps se prend dans un autre sens plus strict et plus propre pour la quantité successive du premier mouvement, ou pour le mouvement du premier mobile, et cette succession est la plus uniforme et la plus simple, et par conséquent elle est apte à nous faire connaître ce qui concerne les autres quantités successives en la leur appliquant, suivant ce que nous avons dit qu’une chose a duré une heure, un jour; et comme cette succession est une numériquement, il n’y a par conséquent, pour toutes les choses temporelles numériquement, qu’un temps par lequel sont mesurés les autres mouvements en tant que successifs, comme par une mesure extrinsèque. Il faut savoir que tous les autres mouvements sont mesurés par cette succession du premier mouvement comme par une mesure extrinsèque, aussi bien que les parties du mouvement du premier mobile, de sorte qu’une partie de ce mouvement est mesurée par une partie du temps, par une me sure intrinsèque, comme nous disons, cette évolution céleste s’est opérée tel jour, celle-là tel autre, et ainsi des autres mouvements qui sont mesurés dans leurs successions par une mesure intrinsèque. Il faut savoir que la mesure de chaque chose peut se considérer de deux manières. Premièrement dans un sens absolu, c’est-à-dire selon qu’elle est applicable, secondement en tant qu’elle est appliquée à la chose susceptible d’être mesurée. Or, le temps étant une certaine