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qui est en flux ou in fieri, c’est pourquoi on ne voit pas que la passion un effet de l’action. En effet, si on les considère comme étant une forme, dans ce cas comme la même chose ne peut être cause et e d’elle-même, la passion ne sera pas l’effet de l’action. Si au contraire on les considère comme deux choses, parce que l’action dé- nomme l’agent et la passion le patient, il ne s’en suit pas encore que la passion soit un effet de l’agent. Donc la passion n’est pas l’effet de l’action même. Il faut savoir qu’une chose peut être dite effet d’une autre de deux manières, la première proprement, en tant qu’elle est ou a été produite par elle, et dans ce sens la passion n’est pas l’effet de l’action. La seconde manière c’est quand ces deux choses se font, elles se produisent simultanément de telle sorte que l’on comprenne par une connexion nécessaire que l’une vient après l’autre. D’où il résulte que la première est dite en quelque façon cause efficiente à l’égard de la seconde, comme dans le traité du propre on a dit du clou et du bois dans lequel il est enfoncé quel est leur rapport avec le mouvement, il en est ainsi dans son espèce de la passion par rapport à l’action. Car l’action et la passion sont constituées par l’agent dans un certain ordre nécessaire. Car on conçoit l’agent agissant avant de concevoir ce qu’il fait subir, et ainsi la passion est dite effet de l’action.

Chapitre XI : Que la dénomination de la passion se fait formellement ab extrinseco.

Il s’élève un doute au sujet de ce qui a été dit, à savoir que ces six principes dénomment extrinsèquement la substance. Nous avons dit, en effet, que l’action, qui est subjectivement dans le patient, dé nomme l’agent; cela ne semble pas vrai à l’égard de la passion, car elle dénomme le sujet passif en qui elle est formellement et subjectivement.