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l’intelligence, comme le père, le fils. En effet, le père est rapporté au fils et le fils au père par tout acte circonscrit de l’intelligence, parce que le père a réellement engendré le fils, et le fils a réellement été engendré par le père. Il faut observer que, pour que la relation soit réê1le, choses sont requises, deux du côté du sujet, deux du côté du terme, et une du côté des choses qui sont l’objet de la relation. Et d’abord du côté du sujet, il faut que la relation suppose quelque fondement réel en ce qui lui appartient comme sujet. Ainsi le non être ne peut pas avoir de relation réelle. La seconde chose du côté du sujet, c’est qu’il y ait en lui une raison fondamentale, cause et motif de la relation, de sorte que l’objet de la relation renferme quelque chose de réel, comme le moteur dans ce qu’il fait mouvoir renferme une puissance active en vertu de laquelle il peut agir. D’où il suit; qu’à raison du défaut de cette condition la chose comprise n’est pas rapportée réellement à celui qui comprend, parce que la chose comprise en ce qui le concerne est dénommée par l’acte de l’intellection qui ne met réellement rien dans la chose comprise, mais bien dans celui qui comprend. La troisième chose requise, la première du côté du terme, c’est que le terme qui est l’objet de la relation soit une chose quelconque. La quatrième, c’est que le terme soit réellement différent d’un autre corrélatif, car il n’y a pas de relation réelle d’une chose à elle- même. La cinquième, qui regarde les corrélatifs, c’est qu’ils soient du même ordre, c’est-à-dire qu’ils soient tous deux limités au genre et à l’espèce, ou qu’ils soient l’un et l’autre hors du genre, de sorte que la raison du genre et de l’espèce réponde également à tous deux. Quelle que soit celle de ces conditions qui manque dans tout relatif, il n’y aura pas de relatif réel, mais seulement un relatif de raison. C’est pourquoi il n’y a pas de relation réelle de Dieu à la créature,