Page:Opuscules de Saint Thomas d’Aquin, tome 5, 1858.djvu/179

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savoir par la cause filiale ou efficiente. Comme nous disons que les puissances sont distinguées par les actes -comme par des fins, et les actes par les objets, comme par les causes efficientes, et quoique de cette manière les choses extrinsèques qui opèrent la distinction ne soient pas de l’essence des choses distinguées, néanmoins leur raison spécifique se connaît par ces distinctions. En effet, la puissance est définie par les actes, parce qu’elle est un principe de transmutation, ainsi qu’il a été dit, comme par la manifestation de sa raison spécifique, et les actes sont définis par les objets ainsi que nous le disons, parce que voir c’est avoir la vue mue par la couleur. Il en est ainsi dans l’exemple proposé. Quoique, en effet, la passion et la qualité passible, comme formes simples, soient par elles-mêmes dans l’être spécifique, certaines néanmoins sont définies par les actes comme par des fins, parce qu’elles doivent produire la passion dans le sens, quelquefois, il est vrai, par les causes efficientes, parce qu’elles doivent être produites par les passions. Or la passion et la qualité passible diffèrent en ce que la passion passe vite; comme la rougeur produite par la pudeur, et la pâleur qui provient de la crainte sont appelées passions, parce qu’elles passent vite; on n’appelle pas rouge ou pâle dans la langue grecque a raison de cette rougeur ou de cette pâleur, quoi que peut-être il n’en soit pas ainsi dans la nôtre, mais dans le moment présent on appelle rouge celui qui est sous l’impression de la honte, et pâle celui qui éprouve de la crainte; et comme la colère, l’amour, la haine et autres sentiments semblables, qu’Aristote appelle des passions, se produisent avec quelque passion et une certaine transmutation du corps et durent peu, elles sont classées dans cette catégorie de passions. On appelle, au contraire, qualité passible celle qui ne passe pas rapidement, comme il a été dit du froid et de la chaleur. Mais si la colère, l’amour, la haine et tout ce qu’Aristote appelle passions