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Chapitre IV : De la troisième espèce de la qualité, qui est la passion ou la qualité passible.

La troisième espèce de la qualité s’appelle passion, ou qualité passible. Il faut observer que la passion, étant dans le mouvement, est un des dix prédicaments, et de cette manière elle n’est pas prise pour une passion, mais elle est appelée passion ou qualité passible, parce qu’elle est occasionnée par quelque passion prise dans le premier sens, ou parce qu’elle en produit quelqu’une. Par exemple, la chaleur et le froid sont appelés des qualités passibles, parce qu’ils produisent dans le sens du tact une certaine passion. Mais la blancheur et la noirceur sont appelées qualités passibles, parce qu’elles sont produites par quelques passions accidentelles. En effet, les Ethiopiens sont noirs à cause de l’intensité de la chaleur qui agit sur leurs corps, et les Germains sont blancs à raison du froid, quoiqu’on puisse appeler qualités passibles la blancheur et la noirceur, parce qu’elles produisent une passion dans le sens de la vue, car voir c’est supporter quelque chose. Sur quoi il faut observer que, bien que certains êtres ne soient pas constitués quat à l’espèce par quelque chose d’extrinsèque, ce n’est pas de leur essence et ils sont distingués par eux-mêmes, comme on le voit dans les choses simples. La blancheur, en effet, se distingue réellement par elle-même de la noirceur ou de toute autre partie intrinsèque à elle-même, comme l’homme se distingue du cheval et réciproquement par leurs formes; car rien d’extrinsèque, qui soit un caractère de l’essence de la chose, ne constitue ou ne distingue spécifiquement une chose d’une autre. Rien néanmoins n’empêche que quelquefois certaines choses soient distinguées par des causes extrinsèque, à