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En effet, la puissance et l’acte se partagent tout l’être, comme on le voit, V de la Métaph., et dans le genre où il y a acte il y a aussi puissance. Car si la ligne en acte est dans le genre de la quantité, elle est aussi en puissance dans ce même genre. Ce n’est pas de cette puissance que nous voulons parler pour le moment. La puissance se prend dans un autre sens suivant qu’elle est le principe de transmutation d’une chose comme telle, ou le principe de transmutation d’un état en un autre. Il faut remarquer que de même qu’un agent artificiel a besoin d’un instrument pour agir, et ne peut à raison des bornes de sa force avoir en même temps ce qui en lui et dans l’instrument est nécessaire pour agir, ainsi nulle substance créée ne peut être par soi un principe suffisant d’action et d’être; c’est pourquoi il faut en elle un autre principe qui ait immédiatement trait à l’opération, et c’est ce principe que nous appelons puissance. S’il est actif comme sont les puissances nutritives dans l’être animé, il est appelé puissance active, laquelle est le principe de transmutation d’une chose en tant que telle. Et je dis en tant que telle, car rien ne peut être en même temps actif et passif à l’égard d’une même chose. Si, au con traire, ce principe est passif, comme sont les puissances sensitives dans l’animal, il est alors le principe de transmutation d’une chose en tant qu’elle est autre chose; à cette espèce de la qualité appartiennent le dur, le mou, l’athlète, le coureur et autres choses semblables. De sorte que l’athlète n’est pas pris de l’art du pugilat, parce que alors il serait dans la première espèce de la qualité, mais bien pour la puissance naturelle; telle est la seconde espèce de la qualité.