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Chapitre VI : Du lieu qui est une espèce de la quantité continue.

Nous passons au lieu. Le lieu est la surface d’un corps contenant immobile. En effet, quoique le lieu soit une surface, il ne s’ensuit pas qu’il soit dans le genre de la surface, mais c’est un autre genre de quantité à raison d’une autre différence spécifique surajoutée qui ne convient pas à la surface, en tant que surface, et n’est pas disparate à son égard, quoiqu’il soit immobile. ll savoir que, comme il n’y a point de vide dans la nature, il fait qu’un corps soit enveloppé d’un autre corps. Laissons pour le moment la dernière sphère. C’est pour quoi la surface du corps, qui enveloppe celle qui est contiguë au corps enveloppé, est appelée lieu. Néanmoins cette surface n’est pas appelée lieu par la raison qu’elle enveloppe, autrement le vaisseau qui suit le cours du fleuve étant toujours entouré de la surface de la même eau, parce qu’il suit le courant de l’eau, pourrait être regardé comme restant dans le même lieu, ce qui est faux. De même aussi le vaisseau amarré au bord du fleuve, changeant continuellement de surface par le flux de l’eau, changerait à chaque instant de lieu dans ce cas, ce qui est également faux. Donc la nature du lieu n’est pas celle de la surface, ni réciproquement; la nature du lieu consiste en ce qu’il est immobile par rapport à l’univers; c’est pourquoi, en supposant que le monde fût vide, qu’il n’y eût que le ciel pour contenir le vide et qu’une pierre fût au centre, quand bien même elle ne serait pas enveloppée par la surface d’un corps contenant, elle serait malgré cela dans un lieu, parce qu’elle serait dans une place qui, par rapport à l’univers ou le ciel, serait immobile. Ainsi s’explique le lieu.

=== Chapitre VII :