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que l’unité plusieurs fois redoublée, produit la multitude, et nous constatons par là la grandeur discrète de la multitude, c’est ainsi que l’unité est la mesure de la multitude, c’est évident pour le nombre, etc.

Chapitre II : De la seconde espèce de la quantité discrète, c’est-à-dire du langage.

Le discours est un mot formé de syllabes distinctes qui le mesurent et qui n’a point de permanence dans ses parties. Pour comprendre cette définition, il faut savoir que mot n’est pas pris ici pour la qua lité, car le mot est dans la troisième espèce de la qualité, comme on le verra par la suite, mais pour quelque chose qui a été dans le mot, parce que dans tel mot ily a plusieurs dictions et syllabes, qui, quoi que indivisibles, sont néanmoins successives, car l’une succède à l’autre; c’est pourquoi il y a deux choses à considérer dans ces syllabes, à savoir leur indivisibilité et leur succession. Cette indivisibilité n'est pas une indivisibilité d’unité, autrement le discours serait un nombre, mais une indivisibilité qui mesure la durée, suivant que plu sieurs syllabes indivisibles durent plus qu’une; c’est pourquoi si dans le discours nous considérons l’indivisibilité des syllabes nous trouvons que par là il y à convenance avec le nombre. D’un autre côté, si nous considérons la mesure de la durée, qui cependant n’est pas permanente, mais successive, nous voyons qu’en cela elle s’accorde avec le temps qui est une mesure successive, aussi bien que des choses successives, comme il sera démontré plus loin. Néanmoins le discours n’est pas un nombre simplement, mais un nombre appartenant à la mesure de la durée; ce n’est pas non plus un temps continu, lequel n’est autre chose qu’une succession continue, toujours divisible, mais