Page:Opuscules de Saint Thomas d’Aquin, tome 5, 1858.djvu/151

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elle ne prend pas de contrariété, ni le plus et le moins. Pour comprendre cela, il faut savoir que certaines formes ont en soi de la latitude, tandis qu’il en est d’autres qui n’en ont pas, et ces formes qui ont de la latitude ont par là même la contrariété, quoique cela ne soit pas toujours vrai eu toutes. Pour connaître cette latitude, il faut remarquer que dans les choses spirituelles l’augment se transfère de la quantité corporelle; or on appelle grand dans la quantité corporelle ce qui conduit à la perfection normale de la quantité. C’est pour cela qu’une quantité est réputée grande dans l’homme, tandis qu’elle ne l’est pas dans l’éléphant. De même dans les formes on appelle une chose grande en raison de la perfection. Or, on peut considérer de deux manières la perfection d’une forme, ou par rapport à la forme elle-même, ou par rapport à la participation du sujet. Sous le premier rapport, la forme est dite petite ou grande, comme une petite blancheur. Sous le second rapport elle, est dite plus ou moins, comme plus ou moins blanc. Donc les formes qui sont d’elles-mêmes indéterminées; comme étant plus ou moins, plus parfaitement ou moins parfaitement dans le sujet, ces formes sont dites avoir la latitude dont nous avons parlé, et les degrés d’intention ou de rémission que nous avons dit. Pour savoir quelles sont ces formes, remarquez bien qu’on peut considérer trois choses dans une forme; d’abord, si l’agent peut avoir différents rapports avec elle; secondement, si le sujet qui la reçoit a parfois plus ou moins de dispositions pour elle; troisième ment, la manière dont cette forme participe au sujet. C’est pourquoi les formes dans lesquelles l’agent n’a pas divers rapports, et dans lesquelles le sujet est quelquefois plus, d’autres fois moins disposé, ces formes, dis-je, n’ont point la latitude susdite; mais elles sont toujours reçues dans le sujet dans la dernière perfection de leur espèce, par exemple: si