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apercevant quelque chose à une grande distance, je reconnais d’a bord que c’est un corps, ensuite, en approchant je vois que c’est autre chose, je reconnais plus tard que c’est un homme, enfin que c’est Pierre. C’est ainsi que discourt notre intellect dans l’opération intellective. D’abord il conçoit que la chose est un être, ensuite qu’elle est une substance, plus tard qu’elle est un corps, et ainsi jus qu’à l’espèce la plus spéciale; mais ce qui est conçu le plus confusément, c’est l’être. Donc l’être est ce qui s’offre de prime-abord à notre intelligence. Et l’on voit ainsi de quelle manière se prend l’être dans la définition susdite de la substance. Mais comme on a dit que la substance est un être par soi, il faut observer qu’elle se divise au con traire par accident, comme nous disons que l’homme est animal par soi; or il est blanc par accident, et de cette matière il est pris présentement par soi; car la quantité et la qualité ne sont pas des êtres par accident, mais par soi, comme il a été dit, parce que l’être par soi se divise en dix prédicaments, l’être par soi se divise d’une autre manière par opposition à l’être dans un autre. Ce n’est que de cette seconde manière que l’être par soi convient à la substance, et c’est là son mode propre. Encore on peut dire que la substance est un être existant par soi, parce qu’il lui convient proprement d’exister, tandis qu’il convient aux autres accidents d’exister par elle. Comme le feu est chaud par soi, parce que toutes choses deviennent chaudes par lui, car sa propriété est d’être chaud. Mais il faut savoir que la substance se divise en matière, forme et composé On ne dit pas proprement de la matière qu’elle est par elle-même, puisqu’elle n’a l‘être que par la forme. De même on ne dit pas de 1g forme qu’elle est par soi, puisqu’elle n’a l’être que dans la matière. On dit au contraire du composé qu’il est par soi, je dis le composé avec toutes ses parties,