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en dix prédicaments n’est pas une division d’univoque, mais d’analogie. En effet, l’être se dit analogiquement de ceux-ci, car il se dit per prius de la substance qui sauvegarde surtout sa réalité, tandis qu’il ne se dit des autres qu’en tant qu’ils sont quelque chose de la substance même; la quantité est effectivement la matière étendue ou l’extension de la substance, et la qualité en est l’affection, c’est-à-dire la disposition, et ainsi des autres. C’est pourquoi l’être se dit d’eux, comme sain se dit de l’animal, de l’urine, de la médecine. L’être se divise donc en dix prédicaments, qui sont la substance, la quantité, la qualité, la relation, l’action, la passion, l’époque, le lieu, la situation et l’habitude, dont nous allons parler succinctement. Nous commencerons par la substance.

Chapitre II : Ce que c’est que la substance suivant l’intention logique.

La substance est un être existant par soi. Pour concevoir ce qu’il y a de spécial dans cette définition, il est bon de savoir que, malgré tout ce qui a été dit de l’être, c’est néanmoins ce qui se présente tout d’abord à notre intelligence. Car nous sommes raisonnables, c’est-à-dire discoureurs, et c’est presque toujours par le mode discursif que se forment les conceptions dans notre intellect. Ce sont d’abord des choses confuses qui se présentent à notre intelligence. En effet, nous sommes conduits de la puissance à l’acte par un moyen, c’est- à par un acte imparfait, par lequel l’intellect ne conçoit pas une chose déterminée et se détermine en discourant à la perfection, comme il est possible qu’une chose soit comprise; Aristote tire à ce sujet un exemple des choses sensibles dans le livre I de la Phys. En