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pourra donc pas être conçu sans lui existant. Donc l’accident peut s’y trouver et ne pas s’y trouver en dehors de la corruption du sujet, parce que l'être du sujet ne dépend pas en quelque manière de son être, ainsi qu’il a été dit. Ainsi se trouve expliquée la susdite description du sujet. Il faut néanmoins savoir qu’il peut se trouver quelque accident commun qui est dans un tel rapport avec ce sujet singulier qu'il provient de ses principes essentiels, comme, par exemple, la noirceur du corbeau, qui est nécessairement produite par cette matière caractérisée du corbeau. En parlant donc d’un semblable accident, je dis que l’on ne pourrait pas concevoir que ce sujet existât sans lui, et c’est ce qu’on appelle un accident inséparable qui est au principe singulier comme l’accident propre au principe de l’espèce. Et comme la matière caractérisée est en dehors de l’intellect de l’espèce, car cela est de l’intellect de l’homme qu’il a l’humanité, et pas davantage. Mais qu’une pareille chose soit telle ou telle chose caractérisée, cela n’est pas de l’intellect explicite de l’homme, comme les différences sont en dehors de l’intellect du genre, ainsi qu’il a été dit plus haut, c’est pour cela qu’on peut concevoir que le corbeau ou l’espèce du corbeau soit sans noirceur, et même avec la blancheur; c’est pourquoi l’accident inséparable est classé avec l’accident commun et non avec le propre, quoique dans un sens il convienne à l’un et à l’autre, comme nous l’avons dit. Ainsi donc il y a des accidents inséparables et des accidents séparables. A l’accident inséparable convient la susdite définition de l’accident, à savoir que le sujet peut être conçu existant sans lui, s’il est pris pour l’espèce, et non pour le singulier. Or, il faut savoir que quoique le sujet puisse être séparé d’un autre accident, comme il a été dit, l’accident néanmoins ne peut pas être séparé du sujet en acte ou en aptitude, je dis en aptitude, car