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savoir qu’il arrive qu’une chose est dite d’une autre ou appliquée à une autre de deux manières, à savoir, par soi et par accident. La prédication par accident peut se faire de trois manières; la première quand l’accident se dit du sujet, comme l’homme est blanc; la seconde quand le sujet se dit de l’accident, comme le blanc est homme; La troisième, quand l’accident se dit de l’accident, comme le blanc est harmonieux. Par soi la prédication se fait de plusieurs manières, ainsi qu’on le verra dans le traité de la démonstration. Le second de ces modes de prédication par soi a lieu quand le propre se dit de ce dont il est propre, comme, l’homme est risible. Donc comme le propre se dit du sujet, parce que ce n’est pas par accident, comme on l’a dit des accidents à l’égard de leurs sujets, il a par soi vis-à-vis de son sujet une autre habitude que n’ont pas les accidents communs. Car ceux-ci n’ont d’habitude à l’égard de leurs sujets que comme à la cause matérielle, en prenant cette matière pour sujet, qui est en puissance par rapport aux accidents, comme à certains actes qui lui sont inhérents. D’où il suit que si le propre n’avait que cette habitude à l’égard du sujet, à savoir que le sujet fût seulement passif et son réceptif, dans ce cas, comme ce qui n’est que le réceptif d’une chose, n’impose pas la nécessité d’être à la chose vis-à-vis de laquelle il est dans un tel rapport, il s’ensuit que le propre ne suit pas nécessairement le sujet, et que par conséquent par soi il ne pourrait être appliqué, et cependant nous avons vu le contraire. Nous voyons, en effet, dans les choses naturelles certaines opérations qui conviennent toujours à toutes les choses qui sont de la même espèce, comme attirer le fer convient toujours à l’aimant quel qu’il soit, c’est pourquoi il faut que ces opérations suivent quelque principe intrinsèque permanent dans ces corps. Néanmoins ce principe est appelé puissance en vertu,