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forme que possède la forme pour se joindre à la matière, produit en elle la multiplication des individus, et c’est ainsi que l’on doit en tendre ce qui a été dit plus haut, que l’humanité qui est la forme qui suit un tout composé, si on la considère sous le rapport de sa détermination à telle matière spécifiée, produit le singulier. Car humanité, comme on l’a dit, dit âme et corps, d’où il suit qu’en disant tel corps, telle âme, elle énonce un singulier. Et parce que l’urne existant dans le même degré ne peut être divisée en plusieurs, comme il a été dit, si ce n’est à raison de la potentialité qu’elle possède pour l’union à une matière spécifiée, il faut dire par conséquent que la matière spécifiée est un principe d’individuation, tandis que la forme ne l’est que par la matière pour laquelle elle a une puissance naturelle d’union, et l’on voit ainsi ce que c’est que l’espèce. Il faut savoir néanmoins que, bien que la forme spécifique, comme on l’a dit, soit plurificable de soi à cause de la potentialité qu’elle a pour s’unir à la matière, cette plurification est cependant empêchée quelquefois accidentellement, par exemple si tous les hommes venaient à mourir et qu’il n’en restât qu’un seul, l’humanité alors n’existerait pas dans plusieurs matières. Elle peut aussi être empêchée par la condition de la matière, comme il n’y a présentement qu’un seul soleil, non qu’il répugne à la nature solaire de se trouver dans plusieurs sous le rap port de la forme, mais parce qu’il y a une autre matière qui n’est pas susceptible d’une telle forme. C’est pourquoi le soleil est une espèce en un seul individu.

Chapitre IV : De l’origine de la différence et ce que c’est suivant la chose et l’intention.

La différence, dans le sens où elle est prise ici, se définit de deux manières, dont voici la première. La différence est celle qui se dit de