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Chapitre III : Ce que c’est que l’espèce et d’où elle tire son origine.

L’espèce est ce qui se dit de plusieurs choses différentes numériquement in eo quod quid. Quoique cette définition de l’espèce puisse être conçue d’après ce que nous avons dit, néanmoins pour pins de développement il faut savoir que, bien que le principe d’individuation propre provienne de la matière spécifiée, il ne faut pourtant pas entendre qu’il ne vient pas de la forme sous quelque rapport. Remarquez que la distinction d’une chose d’une autre par la forme peut se faire de deux manières. Premièrement, quand une telle distinction se fait par la forme à raison de la forme, suivant qu’il y différents de grés dans les formes, et les choses qui sont distinguées de cette manière doivent nécessairement différer d’espèce, comme il a été dit. Secondement, une chose peut être distinguée d’une autre par la forme, non suivant la raison absolue de la forme, mais suivant qu’elle est telle forme, et c’est ainsi que diffèrent en nombre deux quantités séparées, soit qu’elles soient séparées par l’intellect, comme en mathématique, soit qu’elles soient séparées de la matière quant à la chose par la puissance divine, comme la quantité de deux hosties consacrées. Car la quantité est une certaine forme; et c’est encore ainsi que diffèrent les âmes séparé es numériquement. En effet, elles ne diffèrent pas par la matière qu’elles n’ont pas et à laquelle elles rie sont pas unies, ni par relation à la matière à laquelle elles sont susceptibles d’être unies, puisque la relation est postérieure à son objet. Remarquez que toute forme qui renferme plusieurs choses en soi, c’est-à-dire qui est prise universellement, a une certaine latitude; car elle se trouve en plusieurs, et se dit de plusieurs. Or, il peut y avoir dans