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dégagé de la matière, ce n’est pas simplement de toute matière, mais de la matière spécialisée. En effet, les choses naturelles sont conçues avec la matière, c’est pour cela qu’on dit que cet objet doit être dégagé des conditions de la matière; par exemple, dans notre imagination il y a l'imagination ou forme représentant tel homme, sui vaut ce qu’il a été extérieurement, laquelle forme, par la vertu de l’intellect actif, agit sur l’intellect possible, comme les couleurs, en vertu de la lumière, agissent sur la puissance visuelle, et alors il se produit dans l’intellect possible une certaine forme, qui est appelée espèce intelligible, ou suivant les autres actes d’intellection, ou la parole, et cette forme représente l’homme, non cependant tel qu’il est présentement, mais abstrait de telles conditions, c’est là ce qu’on appelle être universel. C’est pourquoi il y a deux choses à con sidérer dans l’homme ainsi conçu, à savoir, la nature humaine elle-même ou ce qui la possède, et l’universalité ou abstraction des susdites conditions de la matière. Quant au premier rapport, homme dit la chose, à l’égard du second, il dit l’intention. Car dans la réalité, il ne se trouve pas d’homme qui ne soit pas hic et nunc (ici et maintenant), et la nature dans ce sens est dite être la première intention. Mais comme l’intellect se réfléchit sur lui-même et sur les choses qui sont en lui soit subjectivement, soit objectivement, il considère encore l’homme ainsi conçu par lui en dehors des conditions de la matière, et voit que cette nature conçue avec une telle universalité ou abstraction, peut être attribuée à tel ou tel individu, et qu’elle est réellement dans tel ou tel individu, il forme en conséquence une seconde intention sur une telle nature, et il l’appelle universelle ou prédicable, ou quelque chose de semblable. Donc, suivant ce que nous venons de dire, une chose en tant que conçue est dite universelle, mais en tant