de la matière, comme la cause productrice de la forme; tandis que l’agent producteur de la forme seule n’a de puissance que pour produire la forme, en tant qu’agent producteur de forme, comme on le voit dans le soleil qui répand la lumière par ses rayons. Donc à plus forte raison, Dieu qui produit toute la substance d’un être peut faire que tout ce qu’il a produit soit son effet, en tant que Dieu. De plus, si on assigne un instant d’existence à une cause à laquelle on ne puisse attribuer son effet au même instant, il n’en est ainsi que parce que cette cause manque de quelque élément nécessaire pour la compléter; car une cause complète a un effet complet. Or Dieu ayant toujours été parfait, supposée l’existence de Dieu, son effet a dû toujours exister, sans qu’il soit nécessaire qu’il lui soit antérieur. J’ajouterai encore que la détermination de la volonté ne diminue en rien la puissance, surtout en Dieu. Or, tous ceux qui se rendent à l’argument d’Aristote, par lequel il cherche à démontrer que la matière a été créée éternellement de Dieu, parce que la même cause est toujours suivie du même effet, disent qu’if s’ensuivrait cette conséquence, si Dieu n’agissait point par le fait de sa volonté. Il ne s’ensuit pas pour cela qu’il puisse faire que son effet soit toujours produit. Et cela est évident, parce qu’il ne répugne pas à la raison, que la cause ne soit pas antérieure à l’effet, parce que Dieu ne peut pas faire ce qui répugne à la raison. Nous avons à examiner maintenant s’il répugne à la raison de dire qu’une substance créée a toujours été, parce qu’il est nécessaire que son néant soit antérieur à sa création, pour qu’il soit vrai de dire qu’elle a été faite de rien. Saint Anselme, au ch. VIII de son Monologue, expliquant de quelle manière on entend que "la créature a été faite de rien, prouvera que notre proposition n’est point absurde." "Troisièmement, dit-il, quand nous disons qu’une chose a été faite
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