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dans la nuit de Noël — où la pierre, à l’heure de minuit, fait une révolution sur elle-même.

Le sommet, auquel on accède par une rampe étroite, est rasé à l’avant en forme de siége ; à l’arrière est une excavation ordinairement remplie d’eau fluviale et désignée dans le pays sous le nom de Fontaine des Larmes. Ces traditions, rapprochées de la disposition singulière du lieu, lui donnent un intérêt historique qu’il est impossible de méconnaître : la légende du trésor rappelle le locus consecratus — dont parle César — si fréquent dans les cités gauloises, où les populations déposaient en plein air leurs offrandes aux génies et aux dieux sous la garde du serpent sacré.[1]

Le plateau, d’autre part — grâce à son escarpement isolé, et son inclinaison sur toutes faces qui facilite l’écoulement des eaux — se prête mieux que tout autre point de l’oppidum à la réunion d’un corps délibérant.

Abrité par sa situation de l’oreille des curieux, ce locus consecratus — qui dans toutes les cités an-

  1. Le nom conservé à cette pierre se prête de lui-même à notre interprétation : la wivre est un serpent fantastique.

    La Fontaine des Larmes a une signification analogue : Dans le Morvan, l’usage de prêter serment sur certaines pierres paraît avoir existé de tout temps, et l’on admettait jadis que quand un parjure étendait la main la pierre suintait de l’eau.

    En Bretagne, les Kerguelvans ou pierres des larmes sont très communes, et on leur attribue la même vertu.

    La Fontaine des Larmes se retrouve du reste dans un grand nombre d’oppidum gaulois, parmi lesquels nous pouvons citer le mur la montagne de Sainte-Odile (Alsace).