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des rivières, les fées des fontaines, les maires…, etc., en un mot toutes les divinités des Gaulois.

Les coutumes religieuses du pays éduen étaient d’ailleurs d’une si grande ténacité que le christianisme lui-même eut grand’peine à les détruire. Saint Éloi, au sixième siècle, défendait expressément de chômer au mois de mai ; aujourd’hui encore nous retrouvons la trace de ces coutumes dans les pratiques superstitieuses en usage chez les paysans de nos montagnes :

Les nourrices viennent comme autrefois aux sources de la fée Bibracte — sanctifiées par les noms de Saint-Pierre et de Saint-Martin — se laver le sein avant l’aurore pour obtenir un bon nourrissage et jettent dans l’eau une pièce de monnaie ou un fromage.

Les hommes vont de même, à l’heure matinale, attacher des cordons de lisière autour de la croix et y déposer des bouquets composés de cinq espèces d’herbes magiques — à la mode des druides — pour préserver du mauvais œil leur bétail ou leurs champs ; puis ils s’avancent devant la croix, le dos tourné vers elle, et jettent derrière leur épaule gauche une baguette de coudrier — l’arbre du mal.[1]

On retrouve dans toutes ces pratiques les restes de traditions communes à tous les peuples issus des plateaux de l’Asie centrale.

  1. Voir, pour plus de détails, Le Culte des eaux sur les plateaux éduens, par M. J.-G. Gulliot. (Collection des Mémoires lus à la Sorbonne en 1867 : archéologie, p. 11.)