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PREMIÈRE SECTION
TRACÉ ET ÉTUDES

Considérations générales. — Un bon Tracé est le premier et le plus important élément d’économie dans un chemin de fer.

Et par ce mot « économie » nous n’entendons pas seulement la réduction directe et immédiate de la dépense de construction à un minimum ; mais encore, et tout aussi bien, l’obtention du produit le plus élevé possible, au point de vue du trafic, avec la moindre somme de charges et d’entraves pour le service de l’exploitation.

Il est clair, en effet, que si, par exemple, on peut supprimer ou raccourcir un tunnel, un pont, un remblai, etc., en choisissant une variante qui passe par une vallée secondaire plutôt que par une autre, ou en augmentant graduellement la pente dans une certaine région, il faut bien voir aussi en même temps, si l’on ne renonce pas, de ce fait, à desservir tel ou tel groupe de populations ou d’industries, et si, surtout, en adoptant sur un point seulement de la ligne une pente exceptionnelle, on ne grève pas tout l’avenir de l’entreprise d’une série de sujétions onéreuses, telles que :

1° L’obligation d’employer, pour franchir cette pente isolée, des locomotives d’un poids plus considérable ou d’un système plus coûteux pour tout le reste de la ligne ;

2° Par suite de cette augmentation du poids des machines motrices, la nécessité d’adopter partout aussi un calibre de rails plus résistant et plus lourd ;

3° Une plus grande consommation de combustible et de corps gras pour alimenter ces machines, car malgré toute l’habilité du mécanicien, un moteur constitué pour franchir, à un moment donné, une pente extraordinaire au moyen d’un coup de feu qui exige une plus grande surface de chauffe, rayonne aussi davantage, et perd plus de chaleur qu’une machine de force moyenne, quelque ralentissement qu’on puisse apporter à la conduite du feu, lorsque l’on marche en profil normal ;

4° S’il faut employer un moyen spécial, comme une locomotive de renfort, un câble, une machine fixe, etc., on s’oblige en outre à créer deux stations spéciales, ou tout au moins des bâtiments, des remises, un personnel et un matériel ad hoc, d’un entretien permanent qui diminue encore d’autant les bénéfices nets annuels ;

5° Réciproquement, s’il résulte du choix d’un tracé plus facile, un allongement de plusieurs kilomètres, on ne crée pas seulement une augmentation de dépense journalière pour les frais de combustible et d’entretien de la voie, mais encore une perte de temps inévitable pour les voyageurs, et souvent un déplacement final du trafic, par suite de la création d’une ligne concurrente plus directe et mieux agencée.

On voit donc combien peuvent être graves, à un moment donné, les conséquences d’un tracé plus ou moins bien étudié, et quels immenses avantages directs, ou indirects, peut réaliser le talent de l’ingénieur pour le succès d’une opération de chemin de fer.

Cas particulier des Chemins de fer d’Intérêt local.

Maintenant, il faut le dire, la question ne se présente pas toujours avec le même degré de complication.

Ainsi, dans les chemins de fer d’intèrêt local surtout, le tracé ayant, dans son ensemble,