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c’est se fier à sa pensée, c’est se fier au principe de la pensée, c’est croire à ce principe, c’est croire à l’existence de ce principe » ?

Eh bien, oui, je crois pouvoir vous chanter cela, lorsque je vous entends répéter complaisamment, reproduire sans observations ce raisonnement de Descartes, où le scepticisme est accepté, professé, avec une exception il est vrai, mais c’est-à-dire le scepticisme, moins la généralité d’où vient toute sa force apparente, ce qui le fait paraître un principe, avec une exception dont le philosophe ne peut rien faire sans le secours de tout plein d’autres choses, qu’il n’avait pas songé à excepter ; lorsque, dis-je, je vous entends reproduire sans observations ce raisonnement où la pensée est supposée pouvoir tout mettre en question, tout, excepté elle-même, c’est-à-dire le principe de la pensée aussi, qui certes est autre chose que la pensée elle-même. Mais que dis-je sans observations ? Je me trouve bien plus de raison de vous dire à vous toutes mes raisons contre Descartes, lorsque je pense que, avant d’exposer le commencement de sa doctrine, vous avez dit qu’il « débute par les préceptes les plus sages qui n’appartiennent à aucune école, et qui sont l’âme de la philosophie moderne toute entière » ; lorsque, ces premiers principes exposés, et au moment d’en réfuter des conséquences, vous dites encore qu’il « a fait preuve d’un bon sens et d’une profondeur admirable en tirant immédiatement ces deux convictions (de l’existence de l’âme et de l’existence de Dieu) des données primitives de la pensée » ; comme s’il les tirait réellement de ces données primitives qu’il a faites, et telles qu’il les a faites, comme si de ces données on pourrait tirer quelque chose, comme si ces données n’étaient pas en contradiction flagrante avec la réalité, et en contradiction nécessaire avec tout ce que voudra en tirer celui qui les a inventées.

Je vous traite, il semble, un peu sans façon l’un