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que dans ce tout, à propos de quoi la foi est commandée, il n’y a qu’une partie à qui la foi soit due. Et pourtant il faut pouvoir reconnaître, discerner cette partie, ce qui vient d’en haut, ce que l’on peut, ce que l’on doit rapporter à Dieu, la vérité, la révélation, l’inspiration toute seule ; il le faut dis-je évidemment pour que la foi retrouve son objet, et ne s’égare pas dans un autre, pour que l’autorité se réalise, obtienne son effet, et n’en produise pas un autre qu’elle ne veut pas. Voilà pour la nécessité de distinguer dans le tableau confus et complexe de l’opération primitive ce qu’il y a de vrai ; quant à l’impossibilité de faire cette distinction, dans le moment de la spontanéité, je n’aurais qu’à citer encore ce que vous dites, que c’est l’œuvre d’un autre moment.

Mais je ne puis quitter ce passage sans y remarquer encore combien il y a de contradiction à supposer seulement la possibilité de la croyance à un droit d’imposer, dans le moment de l’inspiration.

Je transcris plus au long : « Après que la raison s’est développée d’une manière toute spontanée sans se connaître, en même temps que l’imagination et la sensibilité, c’est un fait, MM.rs, qu’un jour elle revient sur elle-même, et se distingue de toutes les autres facultés auxquelles elle avait d’abord été mêlée. Or, en s’en distinguant, elle se connaît : dans le tableau complexe et confus de l’opération primitive, elle discerne les traits qui lui sont propres, et elle s’aperçoit que tout ce qu’il y a de vrai dans ce tableau lui appartient. Elle acquiert ainsi peu à peu de la confiance en elle-même, et, au lieu de se laisser dominer et envelopper par les autres facultés, elle s’en sépare de plus en plus, elle les juge, les soumet à sa surveillance et à son contrôle. Puis, s’interrogeant plus profondément encore, elle se demande quelle elle est, quelle est sa nature, quelles sont