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qui eût exprimé leur qualité essentielle, aurait de lui-même ôté toute force à la raison de la personnalité et de l’impersonnalité sur laquelle vous vous fondez pour établir les deux principes opposés, et faisant disparaître toute différence essentielle entre le produit de l’inspiration et celui de la réflexion n’aurait laissé à la première qu’une circonstance qui assurément n’est pas de nature à lui mériter le privilège, quel qu’il soit, que vous lui accordez.

Mais ces mots qui veulent seulement ne pas dire que par le moyen de la réflexion on peut obtenir la vérité, ces mots, si on les arrête, si on les presse, si on les secoue, disent le contraire ; ils nient implicitement ce qu’ils dissimulent, ils nient que ce qu’ils indiquent puisse être la vérité. Ils le nient, parce que, n’indiquant la chose que par une circonstance extérieure, par son moyen d’être ou d’apparaître, et non par son essence, ils vous permettent d’attribuer à la chose même le caractère du moyen, c’est à dire la personnalité ; ils le nient par cela seul qu’ils ne l’affirment pas ; puisque, se trouvant, eux qui comprennent également, et d’une manière éventuelle et potentielle, le oui et le non, se trouvant, des-je, dans un raisonnement où les concomitances et le conséquences nécessaires du oui sont expressément repoussées, c’est la seule signification du non qui leur reste.

Ainsi il me semble que ce n’est qu’en reniant la philosophie que vous pouvez établir l’autorité sur la base que vous lui donnez.

Mais moi, qui vous accuse, avec une témérité insupportable peut-être, de vous être laissé fourvoyer par des mots, ne me suis-je pas rendu coupable moi-même d’une véritable infidélité, en citant les vôtres ? Car, j’ai dit que vous aviez attribué à l’inspiration un droit d’imposer ; et pourtant voici tout ce que vous aviez dit au sujet de ce droit : « Comme dans l’intuition spontanée de la raison il n’y a