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non pas au scepticisme universel (au moins directement), mais au scepticisme dans tout ce qui vient par la réflexion, c’est-à-dire au scepticisme en philosophie. Car si, d’un côté, rien n’est moins personnel que la raison ; si, de l’autre côté, de ce que la réflexion est toute personnelle il s’ensuit que le fruit de ses opérations diffère des vérités que la raison nous découvre dans l’intuition spontanée, et en diffère justement en ce qu’il ne peut participer aux droits que ces vérités possèdent comme ne venant pas de nous ; si la personnalité de l’opération se communique aux résultats, y demeure, y compte, il s’ensuit aussi, ou plutôt il est dit que la réflexion ne peut aboutir à rien de rationnel, à aucune vérité.

Je vois combien cela jure avec l’intention principale de votre système ; mais je trouve curieux d’employer l’instrument qui m’est fourni par vous, à l’usage même pour lequel vous l’avez forgé ; à démontrer le scepticisme dans la doctrine d’un philosophe qui ne veut pas être sceptique. Au reste, je vous dis franchement que je ne puis pas être étonné de voir le scepticisme poindre de tout côté dans une philosophie, qui, après avoir placé l’aperception de la vérité, et la foi absolue dans un moment, dans une forme de la pensée, se déclare indépendante de ce moment, de cette forme ; que de le voir se montrer plus à découvert lorsque cette indépendance est appliquée, mise en jeu, surtout lorsqu’il s’agit de l’établir. Ainsi, sans sortir à présent de mon texte, et de la question spéciale que j’ai entamée, je puis observer que le scepticisme est tellement inhérent au principe de la philosophie que vous voulez établir ici, que toutes vos paroles le recèlent ; votre style est sceptique ici en ce qui regarde la réflexion.

Quel nom donnez-vous, en effet, à ce qui sera, selon vous, la matière de l’autorité, à ce qu’on peut