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que j’aurai dit. Mon intention est d’employer une logique qui soit aussi la votre, de ne partir que de points sur lesquels je puisse supposer d’avance que nous sommes d’accord. Jugez-moi sur cela et d’après cela ; et s’il vous arrive quelque fois de dire : je vois il voudrait aller ; que ce ne soit que pour observer plus rigoureusement si j’ai le droit d’aller jusqu’où je vais.

Vous adressant mes contradictions à vous-même, je n’ai pas besoin d’y mettre un ordre manifeste, et qui puisse être indiqué d’avance. Quelque question que j’aborde, de quelque côté que je l’aborde, vous voyez immédiatement où je suis, et vous pouvez juger, si en vous attaquant par ce côté, je tiens, ou non, compte de l’ensemble. Si dans ces contradictions il y aura une liaison, une progression logique, elle se retrouvera à la fin.

Je choisis donc pour texte un endroit où je trouve une ouverture commode pour entrer en matière.

« Comme, dans l’intuition spontanée de la raison, il n’y a rien de volontaire, ni par conséquent de personnel, comme les vérités que la raison nous découvre ne viennent pas de nous, il semble qu’on peut se croire jusqu’à un certain point le droit de les imposer aux autres, puisqu’elles ne sont pas notre ouvrage, et que nous-mêmes nous nous inclinons devant elles, comme venant d’en haut ; au lieu que la réflexion étant toute personnelle, il serait trop inique et absurde d’imposer aux autres le fruit d’opérations qui nous sont propres. Nul ne réfléchit pour un autre, et alors même que la réflexion d’un homme adopte les résultats de la réflexion d’un autre homme, elle ne les adopte qu’après se les être appropriés, et les avoir rendus siens. Ainsi le caractère éminent de l’inspiration, savoir l’impersonnalité, renferme le principe de l’autorité, et le caractère de la réflexion, la personnalité, renferme le principe de l’indépendance » (Cours de 1829, pp. 45-46).