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J’aurais bien des choses à vous dire encore sur cette inévitabilité, car je ne saurais comment m’exprimer autrement, de votre manière de voir l’histoire de la philosophie qui est un autre caractère de votre enseignement qui m’ait le plus frappé ; j’en aurais bien à vous dire sur d’autres ; mais, mon ami, je suis fatigué d’être à genoux. Je coupe donc court à cette première partie ; et je vais même la résumer, puisque je vois, bien contre mon attente, que cela peut se faire ; car tout cela s’est lié sous ma plume, je ne sais comment, et les pièces que je croyais détachées dans ma tête se sont cousues ensemble à mesure que je les plaçais l’une à côté de l’autre.

Quant au résultat, si vous étiez homme à vous réjouir des suffrages, sans examiner d’où ils viennent et avec quoi ils viennent, vous devriez avoir lieu d’en être bien content. Car, dire qu’une histoire, ou une méthode d’histoire, ou un essai d’histoire, comme vous voudrez, s’exerçant sur une immense généralité de faits, les divise, les range, les subordonne, les lie ; dire que les moyens, les règles dont elle se sert pour cela, sont tels qu’on les trouve excellens pour comprendre d’autres faits, pour résoudre d’autres problèmes qui en apparence seraient en dehors de cette histoire ; dire qu’elle se propose de cherchez presque toujours ce qu’il pourrait y avoir de bon dans tous les exercices ardens et persévérans, dans toutes les manifestations éclatantes de la pensée humaine ; et qu’elle fait cela de manière à en propager le goût, le besoin, l’habitude, à entraîner l’imitation par l’assentiment ; dire enfin que l’efficacité qu’on y a observé dans ce cas particulier, n’est aussi qu’une espèce d’une efficacité bien plus vaste ; que le regard philosophique de celui qui l’a connue en a pris l’habitude de se porter de soi sur les points saillans indiquées par elle, et de suivre ses directions ; c’est dire qu’elle exerce une grande force