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etc. », on voit bien que cet empressement ne vient pas principalement de la crainte d’être injuste ; mais de la crainte que l’on ne prenne pour votre pensée ce qui n’en est qu’une partie, que l’on ne s’arrête à une vérité, qui, envisagée comme toute la vérité sur ce sujet, serait pour ainsi dire une erreur. Cette impartialité est d’autant plus haute qu’elle est plus facile ; car d’où vient sa facilité si non de ce qu’elle est placée loin, au dessus de ce qui fait obstacle à l’impartialité ? Il est beau de vaincre des répugnances systématiques ; il est plus beau d’aimer la vérité, et de s’y fier au point de ne pas avoir de ces répugnances à vaincre. Elle est d’un effet d’autant plus sûr et d’autant plus durable qu’elle est moins sujette aux regrets et aux dédits : ce qu’elle admet, elle en fait son bien ; reprendre, pour elle, ce serait perdre : opus iustitiae pax. Elle est de plus l’impartialité la plus expansive, si j’ose m’exprimer ainsi. Je ne dis pas, à Dieu ne plaise, que vous l’ayez inventée : je ne nie pas non plus, que les circonstances soient extraordinairement favorables à son règne, et que les esprits y soient extraordinairement disposés, qu’il y en ait quelque part beaucoup, et partout plus que jamais ; ainsi je ne me chargerai sûrement pas de démêler jusqu’à quel point vos leçons sont plutôt une cause qu’un effet de cette disposition ; mais je vois bien clairement qu’elles en sont tout ensemble un effet extraordinairement signalé, et une cause extraordinairement puissante.

Y avait-il beaucoup de monde aux leçons de M. Cousin ? Ont-elles beaucoup de lecteurs ? C’est la seule chose dont je m’informerais (si l’on pouvait l’ignorer ou en douter), pour être assuré de leur efficacité sur ce point. Après vous avoir suivi sur ces hauteurs d’où l’on discerne la vérité mêlée aux erreurs, et leur donnant même cette vie passagère qu’ils ont et cette force qu’ils exercent, il faudrait un effort, et un de ces efforts que l’on ne fait pas,