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une contribution pour l’autorité protectrice des propriétés, s’ils n’en produisent point, leur franchise est de droit naturel. Etrange méprise ! Des hommes demandent qu’on soumette le commerce et les arts à des taxes, et ils passent pour leurs défenseurs. D’autres soutiennent que personne n’a le droit de demander des contributions, ni aux commerçants ni aux artistes, et ils passeront pour leurs ennemis [1]

Ne croyons pas que ces préjugés puissent être durables. On comprendra bientôt que l’impôt ne doit être pris que là où la nature a mis elle-même de quoi y satisfaire, qu’à la source des revenus, et que c’est l’intérêt commun des trois classes qui forment la société.

C’est entre ces trois classes que se distribuent les subsistances et les matieres premieres. La classe productive qui recueille d’abord la totalité des productions, garde pour elle ses reprises et paie au propriétaire le produit net. Par ce premier partage des récoltes, les propriétaires acquierent le moyen de dépenser, et ils dépensent partie à la classe productive, en achats de subsistances ; et partie à la classe stérile, en achats de marchandises ouvrées. La classe productive dépense elle-même les reprises qu’elle s’étoit réservées : elle en consomme la plus forte partie en nature pour sa subsistance, et fait passer le reste à la classe stérile, pour payer les marchandises, les vêtements et les instruments dont les cultivateurs ont besoin. La classe stérile reçoit donc les salaires des deux autres ; mais comme il faut qu’elle soit nourrie et qu’elle continue le travail qui l’a fait vivre : elle dépense la totalité de sa recette à la classe productive, partie en subsistances, et partie en achats de matiere premiere, qui font l’objet de ses travaux et de son industrie, et le remplacement des avances.

C’est ainsi que la totalité de la récolte se partage entre trois classes. La premiere partie est pour celui qui l’a produit par ses travaux ; la seconde est vendue à la classe propriétaire pour la partie de son produit net qu’elle consomme en subsistances, et la troisieme, à la classe stérile qui en consomme une portion, et

  1. J’espère que les erreurs que j’ai pu faire sur la nature de l’impôt, dans mes Observations sur le nouveau plan d’imposition imprimé l'année dernière, n’ont tiré à aucune conséquence. Je les confesse et les abjure de tout mon cœur. À mon âge, il est permis, dit-on, de se tromper. Si cela est, ma faute est légère. Mais en général, quand on revient sur ses pas, le mal n’est rien : obstination et l’endurcissement seuls font le crime. (Note de l’original.)