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tous les ans ; car il faut que le cercle des mêmes travaux recommence chaque année. Quesnay leur a donné le nom d’avances annuelles, et il a compris les trois especes d’avances sous le nom général d’avances productives.

Les avances foncieres n’ont pas besoin d’être fréquemment renouvellées ; un léger entretien leur suffit. Mais c’est l’emploi des avances primitives et annuelles, rédigé par l’intelligence du Cultivateur, qui fait naître la récolte annuelle, ou la reproduction totale du territoire. Pour perpétuer celle-ci, il faut nécessairement rendre sur chaque récolte le remboursement des avances annuelles qu’il faudra recommencer pour préparer la récolte de l’année suivante, et l’entretien des avances primitives, de même qu’une sorte d’intérêt pour les capitaux qu’on a employés à ces avances : de sorte que la profession du Cultivateur ne soit pas moins profitable à celui qui l’exerce, que toute autre profession n’auroit pu l’être.

Le Cultivateur soumis aux avances primitives et annuelles ne pourroit perdre sur la valeur de ces avances, valeur nécessaire, inviolable, sans que l’agriculture languît, et que la terre devenant progressivement abandonnée, devînt comme frappée de stérilité.

L’intérêt de la somme que le Culvateur [sic] a avancée, l’entretien habituel du fonds qu’il fait valoir, la compensation des pertes et des risques lui sont dus au même titre Sans cela, que deviendroit la justice, que deviendroient les fonds nécessaires à l’exploitation des terres, que deviendroient la culture, les récoltes, et les hommes qu’elles doivent faire subsister ?

Ces différentes sommes qu’il faut prélever annuellement sur les récoltes, pour que la culture se perpétue sans dépérissement, ont été appellées par notre politique rural les reprises de la culture ; il a donné le nom de produit net, à ce qui reste de la valeur des récoltes, lorsque les reprises de la culture ont été remplies ; ce qui est le prix de la faculté productive de la terre, comme les reprises elles-mêmes sont le salaire du travail qui a excité cette faculté.

Cette expression qui désigne le profit qui reste à toute la classe propriétaire, lorsque tous les frais de son exploitation ont été défalqués, présente une idée simple, juste, claire, conforme à l’analogie de la langue ; et l’on aura quelque peine à concevoir qu’il ait pu exister des gens assez frivoles pour tenter de la tourner en ridicule.

Sous le nom de classe propriétaire, Quesnay comprenoit non seulement les particuliers possesseurs des terres, et chargés de l’entretien des