agir comme une machine déréglée et nuisible. Tableau réfléchi de morale, qui annonce l’homme sage et l’homme religieux.
Les chapitres sur l’instinct les sens internes, la conception, le bon sens, distingué de la raison et du jugement, la prévention qui diffère du préjugé, les idées, la pensée, la faculté imaginative, la certitude des connaissances que nous procurent nos idées, la volonté, la raison, l’attention, la mémoire intellectuelle, la réflexion, l’examen ou la contemplation, le raisonnement, le jugement, sont d’une sagacité qui ne laisse rien à désirer au lecteur. Quesnay approfondit la liberté de l’homme ; il l’a fait consister dans le pouvoir de délibérer pour se déterminer avec raison à agir ou à ne pas agir. Il parle avec la même vérité des principes de l’exercice de cette liberté, des fonctions de l’âme dans cet exercice, du bon usage qu’il en faut faire des avantages et des désavantages de l’habitude, des devoirs à remplir envers la société, qu’il a déployés avec plus détendue dans d’autres ouvrages dont je parlerai plus bas. Ce qu’il dit touchant l’immortalité de l’âme, est une nouvelle preuve de ses connaissances de sa religion.
Il expose ensuite les sources de nos erreurs dans la recherche de la vérité ; elles viennent, selon lui, de trois causes : de la prévention, du préjugé, de la supposition.
La prévention que nous faisons par communication, et qui est une suite ordinaire des recherches infructueuses de ceux qui nous la communiquent, naît des idées même qu’on nous communique, ou des erreurs du raisonnement, capables de nous séduire, puisqu’ils les ont séduits eux-mêmes. À ces raisonnements captieux, se joignent les termes qui représentent les idées communiquées, termes quelquefois peu exacts, vagues, remplis d’obscurité. La philosophie a admis beaucoup d’expressions qui ne peignent que des idées indéterminées et confuses. On a donné dans la suite, par extension à ces mêmes expressions, un sens plus déterminé : de là cette infinité d’idées fausses que l’esprit embrasse. Quesnay n’entre pas dans l’examen de ces termes, parce qu’il est plus sûr et plus facile, dans la recherche de la vérité, de considérer attentivement les idées, et de faire évanouir l’erreur en s’exprimant d’une manière claire, que de vouloir abolir la fausse signification de certaines expressions, qui tyrannise les esprits par le despotisme de l’usage.
Les erreurs du préjugé sont aisées à détruire, lorsqu’on marche vers la vérité, dans l’intention de l’atteindre, et avec les dispositions nécessaires. Le désir de la trouver est le plus grand pas qu’on