et peu de temps après il lui fit accorder le brevet de professeur royal du même collège[1].
L’objet de Quesnay était rempli : il avait cultivé toutes les sciences qui touchent à la médecine, l’histoire naturelle, la botanique, la chimie, la physique expérimentale, la chirurgie, il en avait saisi tous les rapports ; il ne lui restait donc plus pour l’exercer publiquement que de prendre le grade de docteur : c’est ce qu’il fit en Lorraine à l’université de Pont-à-Mousson. Cette époque fut celle de son élévation et de sa fortune. Il acquit bientôt[2], avec l’agrément du roi, la survivance de la place de son premier médecin ordinaire ; il en devint le titulaire, et y joignit ensuite celle de médecin du grand commun.
Le théâtre brillant sur lequel il était monté lui fournissait sans cesse des situations nouvelles pour augmenter l’éclat de sa réputation. Ce prince, si peu connu durant sa vie, mais assez connu après sa mort pour qu’on lui ait accordé le même surnom qu’à Louis XII, le père du peuple ; ce prince qui, sur le trône, aurait été un roi philosophe, un modèle parfait des souverains par la sagesse de ses vues, la profondeur de ses connaissances, la simplicité de ses manières, la pureté de ses mœurs, la bonté de son cœur, son amour pour la nation ; pour tout dire en un mot, feu M. le Dauphin avait été frappé par ce fléau terrible qui naguère a couvert la France de deuil. Ses jours étaient en danger et la crainte générale. Mais Quesnay veillait autour de lui comme à la garde d’un trésor précieux. C’en était assez pour sauver de la mort ce prince chéri[3]. Les soins du médecin demandaient une récompense : cette récompense que Quesnay avait trouvée, dans ses
- ↑ Comparer la note 1, page 26. A. O.
- ↑ Comparer la note 2, page 31. A. O.
- ↑ C’était en août 1752 que le dauphin fut atteint de la petite vérole (voir Em. de Broglie, Le fils de Louis XV, Louis dauphin de France 1729-1765, Paris, 1877, p. 178). Cet évènement a produit une grande émotion dans toute la France. Le fait que le médecin de la Pompadour a été appelé à traiter le dauphin ne s’explique guère que par la circonstance que la reine, qui haïssait mortellement, ainsi que son fils, tous ceux qui avaient des relations avec la maîtresse du roi, se souvenait encore agréablement du temps où, peu après la naissance du dauphin, elle avait été soignée à Mantes par Quesnay, qui alors pratiquait encore dans cette ville (voir page 23). Ainsi que cela ressort notamment des communications de Romance de Mesmon (page 110), le dauphin est toujours resté dans des rapports amicaux avec le médecin qui lui avait sauvé la vie. A. O.