tière dont il s’agissait, et relut tous les ouvrages qui pouvaient y avoir rapport. il observa de nouveau, avec l’attention la plus soutenue, tous les phénomènes que présente la saignée ; et toujours plus convaincu que M. Silva s’était livré à des erreurs séduisantes, il se détermina enfin à publier sa critique, sûr qu’un simple chirurgien de Mantes, avec la raison, ne devait pas redouter le premier médecin de France, membre de toutes les académies, mais ayant tort.
Cette critique parut en 1730 sous le titre d’Observations sur les effets de la Saignée, fondées sur les lois de l’hydrostatique, avec des remarques critiques sur le Traité de l’usage des différentes sortes de saignées de M. Silva.
L’espoir de Quesnay ne fut point déçu. À peine son livre parut-il, que sa grande supériorité sur celui de M. Silva, fut décidée par tour les juges compétents.
Sa renommée alors le porta dans les sociétés les plus distinguées, et il s’y fit aimer par les agréments de son caractère et de son esprit ; la vivacité et la gaieté de celui-ci lui fournissait dans la société des saillies plaisantes, sans néanmoins offenser personne. Ses manières étaient douces et honnêtes, sa bonté prévenante, son érudition variée et dépouillée de pédantisme ; aussi à peine fut-il connu, qu’il fût recherché de tout le monde. Feu le maréchal de Noailles en fit son ami, et ce fut chez lui que Quesnay eût occasion de faire connaissance avec M. de la Peyronie ; les conversations que ces deux hommes célèbres eurent sur les objets relatifs à leur art, donnèrent à ce dernier la plus haute idée du mérite de Quesnay. Dans ce même temps, M. de la Peyronie venait d’obtenir la fondation de l’Académie royale de chirurgie ; il crut que personne n’était plus capable que Quesnay d’en remplir la place de secrétaire perpétuel et il le chargea de rédiger le premier volume des mémoires de cette compagnie naissante.
La préface de cet ouvrage, faite par Quesnay, est un chef-d’œuvre de génie et de goût, qui seul aurait pu lui mériter une réputation à jamais durable : en effet, quelle intelligence dans le plan, quelle justesse dans l’ordonnance, quelle vérité dans les principes, quelle liaison dans les conséquences, quelle profondeur dans les pensées, quelle élégance dans l’expression, quelle harmonie, quelle clarté, quelle précision dans le style ; en un mot, quelle perfection dans l’ensemble ! Et qu’on ne s’imagine pas que la lecture en doive être réservée à ceux-là seuls, qui s’adonnent à la