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ÉLOGE HISTORIQUE
DE
M. QUESNAY,


contenant l’analyse de ses ouvrages, par M. le comte d’A***[1]


Civis erat qui libera posset
Verba animi proferre, et vitam impendere vero

Juvenal, IV, Sat.


Soulager l’humanité souffrante ; perfectionner les arts utiles ; éclairer les peuples sur leurs vrais intérêts ; fixer d’une manière invariable les principes de l’administration ; montrer les effets funestes d’un mauvais régime public, en indiquer les causes et les remèdes ; instruire les hommes de tous les âges, de tous les rangs, de toutes les nations, de tous les siècles à venir : c’est mériter de l’univers entier des suffrages qu’il n’accorde qu’à quelques-uns de ceux mêmes que nous regardons comme de grands hommes. Qui fut plus digne de cette gloire que le célèbre Quesnay que la mort nous a enlevé ? Ami de ses semblables il consacra ses travaux à prolonger leurs jours : tout ce qui les intéressait lui était cher. Son zèle pour le bien public, soutenu d’un génie puissant et vigoureux, lui fit combattre des préjugés contraires au progrès de la vérité et créer un système qui suppose dans son auteur des vues neuves et profondes, des sentiments nobles, généreux et grands. Appuyé sur les principes sacrés de la nature, et sur les règles immuables de l’ordre, il durera autant que la nature et l’ordre subsisteront. Les imputations vagues et confuses de

  1. M. le comte d’Albon, co-rédacteur des Nouvelles éphémérides économiques. L’éloge a paru dans le numéro V de 1775, de cette publication et simultanément en brochure spéciale in-12. A. O.