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En 1753, M. Quesnay publia son Traité des fièvres continues, dans lequel il a rassemblé et examiné les principales connaissances que les anciens avaient acquises sur cet objet par l’observation et par la pratique, et particulièrement sur les pronostics, la coction, les crises et la cure de ces maladies. Nous ne répéterons point ici ce que nous avons dit alors dans l’Histoire de l’Académie ; (1753, p. 143) mais nous ne pouvons nous dispenser d’ajouter une anecdote singulière ; cet ouvrage, le plus intéressant peut-être qui soit sorti de sa plume, a été composé entièrement à l’armée, au milieu du tumulte d’un camp et dans une grange qui servait de logement à lui et à tout son monde, et où il s’était retranché sur un tas de paille. On peut juger par là de la facilité avec laquelle il travaillait et de la fidélité de sa mémoire ; on ne doit pas au reste en être surpris : celui qui savait lire et méditer sur un grand chemin pendant les ardeurs de la canicule, devait être fort à son aise pour composer un livre dans la grange et sur le tas de paille où nous venons de le représenter.

Les derniers ouvrages de M. Quesnay furent imprimés à Versailles, par ordre exprès du feu roi, qui en tira lui-même quelques épreuves ; ils consistaient en des observations sur la conservation de la rue, in-4o : en un ouvrage sur la psychologie ou science de l’âme, même format, et en un extrait assez étendu des économies royales de M. de Sully, Ces ouvrages ont été si soigneusement séquestrés qu’il n’en est pas même demeuré un seul exemplaire à sa famille[1].

Le dernier était le commencement du travail qui a occupé M. Quesnay pendant la plus grande partie de ses dernières années ; il avait, au suprême degré, l’esprit de patriotisme ; il connaissait

  1. Au sujet de cette énonciation quelque peu singulière, voir, sur l’origine du Tableau économique, la note 1, page 125, du présent ouvrage Mais que l’on remarque déjà ici que cette phrase ne se rapporte pas à moins de trois ouvrages de diverses branches des sciences (savoir : médecine, philosophie et économie politique), qui „furent imprimés à Versailles par ordre exprès du roi, qui en tira lui-même quelques épreuves“. L’image que nous donnent de Louis XV les biographes de Quesnay diffère à un très haut degré de celle que nous fournissent d’autres sources historiques et notamment les Mémoires de Madame du Hausset, que l’on trouve ci-après. G. Kellner, dans son ouvrage „Zur Geschichte des Physiocratismus“, Göttingue 1847, indique même (page 18) que Louis XV a collaboré à l’ouvrage de Quesnay „Histoire de l’origine et des progrès de la chirurgie en France“ (Paris 1741), mais il fait suivre cette indication d’un (?). A. O.