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Un homme tel que M. Quesnay était fait pour être désiré dans toutes les compagnies littéraires ; il était dès 1735 de l’Académie royale des sciences, belles-lettres et beaux-arts de Lyon ; la Société royale de Londres l’avait depuis longtemps admis au nombre de ses membres ; l’Académie désirait aussi de se l’acquérir, elle profita de la première occasion qui se présenta, et il y obtint le 12 mai 1751, la place d’associé libre, vacante par la mort de M. le marquis d’Albert. Il y avait longtemps que M. Quesnay avait fait ses preuves par les excellents ouvrages qu’il avait publiés ; indépendamment du livre qu’il publia en 1730, relativement à sa dispute avec M. Silva, sous le titre d’Observations sur les effets de la saignée, il avait publié dès 1736 son Essai physique sur l’économie animale, auquel il joignit un autre petit ouvrage intitulé : l’Art de guérir par la saignée. Il est étonnant de voir avec combien de précision et de brièveté il avait su traiter ces deux importants objets, en approfondissant néanmoins tout ce qu’il y a de plus intéressant sur ces matières ; car l’ensemble des deux ouvrages ne compose qu’un seul volume in-12 ; les faits y forment partout les principes et les preuves qui lui servent de base ; ils sont exposés avec une telle brièveté et mis dans un si beau jour que, quoiqu’ils ne fassent pour ainsi dire que passer rapidement sous les yeux, ils n’en sont pas moins frappants ; de plus, l’ordre dans lequel ils sont présentés est si naturel qu’il en résulte un système rempli de nouveautés sans être nouveau. Ce ne sont que les vrais principes de cette partie de la médecine, appuyés d’observations plus décisives qu’on n’en avait employé jusqu’alors et desquelles il résulte une pleine conviction : les raisonnements tiennent peu de place dans cet ouvrage ; on n’y trouve que ceux qui sont nécessaires pour exposer et pour prouver avec précision la doctrine qui doit naître des expériences et des observations énoncées par l’auteur ; et il est si persuadé qu’au delà des faits il n’y a plus rien de sûr, que les premières causes qu’il admet ne sont ordinairement que de premiers effets généraux qu’il n’entreprend point d’expliquer, mais qui lui servent à en expliquer une infinité d’autres. Il donna par la suite une seconde édition de son Économie animale, considérablement augmentée, et surtout de beaucoup de tables ; elle parut en 1747 en trois volumes in-12 ; la seconde édition du Traité des effets et de l’usage de la saignée parut aussi en 1750 avec des additions ; elle avait été précédée en 1749 par deux traités, l’un sur la suppuration, et l’autre sur la gangrène.