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de servir ses compatriotes était vive et désintéressée : dès l’âge de vingt ans, il avait été attaqué de la goutte, qui se portait par préférence sur ses mains et sur ses yeux ; les attaques devinrent plus fortes et plus fréquentes, et il les regarda comme un ordre de la providence qui lui interdisait les opérations manuelles de chirurgie, et il crut devoir se mettre en état de rendre ses connaissances utiles dans la médecine proprement dite ; il prit donc le bonnet de docteur dans l’université de Pont-à-Mousson pendant la campagne de 1744, où il avait suivi le feu roi à Metz[1] ; et pour se mettre en état d’exercer la médecine sans inquiétude, il acheta peu après de M. Marcot la survivance de la charge de premier médecin ordinaire du roi et de médecin du grand commun, et il obtint par la suite la place de médecin consultant de Sa Majesté, vacante par la mort de M. Terray[2].

  1. C’est-à-dire qu’il accompagnait le duc de Villeroi comme étant alors son médecin, et non pas encore en qualité de médecin du roi. A. O.
  2. De Fouchy n’est pas dans le vrai en disant que Quesnay avait „peu après“ 1744, acheté la survivance de la charge de premier médecin ordinaire du roi. Déjà ailleurs (note 2, page 16), nous avons établi que Quesnay n’a été appelé à la cour que dans le courant de l’année 1741), et d’abord en qualité de „autre médecin consultant du roi“. Il a revêtu ces fonctions pendant trois ans et ce n’est qu’en 1753 que l’Almanach royal diffère des précédents par suite des changements survenus en 1752. Tout-à-coup nous trouvons le nom d’abord à la deuxième place comme suit :

    Premier médecin ordinaire :

    M. : Marcot, médecin de la faculté de Montpellier, en cour.
    Quesnay, docteur en médecine, en survivance.


    En même temps, son nom figure aussi dans la rubrique : „médecins consultants du roi“, tandis qu’il disparaît de celle intitulée ; „autres médecins consultants du roi“ . Le „peu après“ de Fouchy s’étend ainsi en réalité à huit ans. Quesnay n’a pas non plus acheté la survivance de la place importante, „pour se mettre en état d’exercer la médecine sans inquiétude“, mais c’est un événement déterminé qui a amené ce changement dans la position de Quesnay (voir à ce sujet note 1, page 32). Après la mort de Marcot, survenue en 1755, le nom de Quesnay parait seul, et avant lui, comme „premier médecin“, figure celui de M. Pierre Senac en remplacement de messire François Chicoyneau, décédé la même année. En 1762, l’Almanach royal donne un second nom à côté de celui de Quesnav, savoir Le Monnier, médecin de la faculté de Paris, en survivance. En 1773 et 1774, la charge de „premier médecin“ demeure vacante. Il est bien possible que Quesnay en ait rempli les fonctions sans en être le titulaire légal, et ce fait peut avoir donné lieu, pendant la maladie de Louis XV, à ces frottements qui ont provoqué la disgrâce dont Louis XVI a frappé Quesnay. L’Almanach de l’année 1775 (Quesnay est mort le 16 décembre 1774) l’indique cependant encore dans son ancienne charge. Mais dans la rubrique „premier médecin“ paraissent subitement deux nouveaux noms, ceux de MM. Lieutaud et de la Sone. A. O.