Dans son célèbre ouvrage, l'Ancien régime de la Révolution,
dont l’idée principale consiste, on le sait, dans la démonstration
que l’on doit apprendre à connaitre la grande Révolution française
non seulement en elle-même, mais encore par l’histoire des temps
qui Tout précédée, Tocqueville fait remarquer que le caractère véritable de ce grand événement historique peut le mieux être découvert dans les écrits des économistes ou physiocrates. Toutes les
institutions que la Révolution devait abolir sans retour ont été
l’objet particulier de leurs attaques ; toutes celles, au contraire, qui peuvent passer pour son œuvre propre, ont été annoncées par eux
à l’avance et préconisées avec ardeur ; on en citerait à peine une
seule dont le germe n’ait été déposé dans quelques-uns de leurs
écrits ; on trouve en eux tout ce qu’il y a de plus substantiel en elle, y compris le tempérament révolutionnaire.
Même en admettant que ces remarques soient discutables, il ne s’ensuit pas moins que pour comprendre ce grandiose événement, il ne faut pas négliger l’étude des œuvres du parti dont il s’agit. À la veille du centenaire de la grande Révolution française, l’édition de tous les écrits économiques du fondateur de l’école physiocratique, ainsi que des traités philosophiques du même auteur ne doit pas paraître inopportune.
Non seulement des misons historiques, en général, mais encore et spécialement des raisons d’économie politique paraissent rendre désirable une publication de ce genre dans le moment présent, car à notre époque s’applique à un plus haut degré encore qu’au temps même de Tocqueville (1850) ce que cet écrivain ajoute, à savoir : « De tous les gens de ce temps-là les économistes sont ceux qui paraîtraient le moins dépaysés dans le notre. Si je lis les discours et les écrits des hommes qui ont fait la Révolution, je me sens